
Mes repas au quotidien. Il fût un temps où ils étaient très compliqués. Il fût un temps où ils étaient très peu diversifiés. Il fût un temps où ils étaient source d’anxiété, de crainte, la crainte que les aliments ingérés engendrent de la douleur. Cette maudite douleur, présente encore et encore, qu’on dit chronique.
Tout a commencé au début de la vingtaine, alors que j’étais étudiante. J’avais souvent des nausées, des maux de ventre. Pensant au départ que c’était un virus, j’en suis vite venue à la conclusion que c’était autre chose, puisque mon état ne s’améliorait pas. Pendant presque 6 mois, je ne mangeais presque plus rien, mon alimentation se résumant essentiellement à du pain blanc, du poulet, du yogourt et des bananes. Exit la viande, les légumes crus, le bon café, le dessert, l’alcool, les épices et j’en passe. Pour une fille qui a toujours eu la dent sucrée et aimé manger, le réveil était brutal. J’ai perdu beaucoup de poids, diminué mes activités au minimum, soit me rendre à mes cours et en revenir. J’avais très peu d’énergie. Les médecins ne trouvaient rien. Ça a fini par se replacer tranquillement. Je suis restée pendant quelques années sensible aux excès, mais sans plus. En 2009, j’ai eu Eveline, ma première fille. Lors de la grossesse, j’avais quelques malaises, nausées, maux d’estomac, faiblesses. Pas inquiète du tout, je savais que, dès que j’aurais expulsé le petit paquet, tout rentrerait dans l’ordre. Quelle surprise j’ai eu de voir les malaises persister et s’intensifier malgré la naissance de ma fille! J’avais de la difficulté à manger de nouveau, la période de calme que j’avais vécue pendant quelques années était terminée. J’ai consulté de nouveau, passé plusieurs examens, colonoscopie, gastroscopie, prises de sang, test pour le pylobacter et j’en passe. Tous normaux. J’ai essayé plusieurs médicaments, dont certains très forts, sans résultat. Pour finalement me retrouver pour une dernière fois, un an plus tard, dans le bureau du gastro-entérologue. Et de me faire dire «Sorry dear! On ne peut rien faire.» Non mais, vous ne comprenez pas, j’ai juste 30 ans, je ne peux pas être invalide! S’en est suivi une période de découragement, puis de prise en main. Je ne pouvais pas, ou ne voulais pas, croire qu’il n’y avait rien à faire pour améliorer mon sort. J’ai donc commencé à courir, à la mesure de mes capacités. Ça ne changeait pas grand chose à ma douleur, mais ça m’aérait l’esprit. Puis, j’ai entendu parler du régime que promouvait Mme Jacqueline Lagacé, un régime essentiellement sans céréales, sans produits laitiers et dont la cuisson des viandes se fait à basse température, ou dans un liquide. Compliqué et sans goût, me disais-je. Et puis ça ébranlait mes convictions, moi qui a été élevée sur une ferme laitière et qui travaillait dans le secteur de la production laitière. J’ai feuilleté son livre pendant plusieurs semaines, pendant lesquelles mon état ne s’améliorait pas, au contraire. Un soir où j’étais, pour la énième fois, couchée par terre, pleurant de douleur, je me suis décidée. Ce fût difficile, ce fût décourageant par moments. J’ai eu faim, fouillant dans le garde-manger, évaluant mes options dans le frigo.
C’était difficile, en grande partie parce que j’essayais de manger comme avant, mais en substituant tout, ce qui ne donnait jamais les résultats escomptés… Puis j’ai appris. J’ai découvert de nouveaux aliments, j’ai apprivoisé le quinoa, le millet, le sarrasin, le chia et plusieurs autres aliments que je n’utilisais ou ni même ne connaissais avant. J’avoue qu’on en a mangé des choses ordinaires au début… Pauvre Marc-André:) Je voulais me nourrir de plats sains et respectueux de mon corps, mais aussi goûteux et intéressants. Avec le temps et beaucoup de recherches, de lectures et de partage, je crois que j’y suis pas mal parvenue. Il y a aujourd’hui beaucoup plus de produits disponibles qu’il y a trois ans, beaucoup plus de gens qui se nourrissent différemment. J’avoue que j’ai encore de la difficulté à ne pas toucher au fromage… Et que dire du chocolat! Je dois y aller avec parcimonie, sinon mon ventre me rappelle à l’ordre. J’ai appris (et j’apprends encore!), quels sont les aliments qui sont bons pour moi et ceux qui le sont moins.
Ceci dit, loin de moi l’idée de promouvoir ce régime à tout un chacun. Ce que je veux promouvoir, c’est l’idée de respecter notre corps et ses besoins. De l’écouter et de faire des changements au besoin pour améliorer notre santé et notre bien-être. (Je me sens comme dans un article de psycho pop, mais bon, j’y crois!:)
Loulou digérant encore tout (quoique…!), ses recettes contiennent donc parfois produits laitiers, farine de blé et autres que je ne saurais tolérer. Dernièrement, je rencontre de plus en plus de gens qui ont des problèmes divers qui font qu’ils ont des restrictions alimentaires diverses. Parfois aussi, ce sont des gens en pleine santé, qui choisissent de se nourrir différemment.
Je mettrai donc en note dans les recettes de Loulou les variantes possibles pour une version sans produits laitiers et/ou sans gluten afin que tous puissent se régaler et partagerai mes découvertes à l’occasion avec vous. N’hésitez pas à nous partager les vôtres!
Geneviève