J’ai plusieurs très beaux souvenirs de mes printemps passés à la cabane à sucre de mon grand-papa Denis. Regarder les hommes remplir de bois la grosse fournaise sans relâche tout en jasant, aller inspecter tous les bacs pour voir s’ils sont plein d’eau d’érable (et en boire en passant), aller marcher dans le bois et dans l’eau (et tomber dedans), courir autour de la cabane avec les cousins, la neige jusqu’aux cuisses, licher la palette et être toute collée jusque dans les cheveux… Sans compter les repas du dimanche midi, assis serrés sur les bancs avec la truie qui chauffe, les toasts qui cuisent et la grande famille Bergeron (qui parle beaucoup et qui rit fort). Mon plus doux souvenir? Le bon vieux pain blanc que grand-maman Marguerite me donnait pour tremper dans le sirop chaud sorti tout droit de la bouilleuse. Un délice plus qu’exquis dans ma bouche d’enfant! Le sirop d’érable et moi, c’est une vraie de vraie histoire d’amour. J’en mets partout où j’utiliserais du sucre; café, yogourts, muffins, céréales, compotes, vinaigrettes… C’est un bien meilleur choix que le sucre ordinaire, puisqu’en plus d’être local, il contient naturellement des minéraux et d’autres composés aux propriétés anti-oxydantes.
Aujourd’hui, la cabane est toujours là, debout et fière, gardienne de mes souvenirs d’enfant, mais aussi de ceux de tous les autres membres de la grande famille Bergeron qui ont été enfants avant moi. Une nouvelle génération d’hommes (la quatrième) remplit maintenant la bouilleuse. Mes grands-parents, n’ayant plus la force d’entretenir cette belle érablière, ont passé le flambeau à mon oncle Ghislain et ma tante Sylvie, qui avaient le désir de continuer ce que leurs aïeux avaient commencé avant eux. Cela leur permettra également de se maintenir actifs et occupés lors de leur retraite parce que même si le temps des sucres comme on dit ne dure que quelques semaines, le bûchage du bois, l’entretien des arbres, des tubes, des postes de réception d’eau, l’entaillage et le désentaillage des arbres (et j’en passe!) lui, représente du travail pour une bonne partie de l’année. Un travail d’ailleurs souvent physique et difficile mais aussi si plaisant à la fois! Au printemps, l’érablière comptera 13 200 entailles de par lesquelles coulera cette douce sève que mon oncle et ma tante transformeront en sirop d’érable. Au cours de l’hiver, par souci de santé mais aussi de respect de leur environnement, Ghislain et Sylvie ont entrepris un grand virage. Ils ont décidé de faire le pas vers le bio. Ils seront donc en pré-certification cette année et si tout va bien, certifiés en 2017.
À compter de très bientôt, vous pourrez vous procurer ici à la ferme du bon sirop d’érable de l’Érablière Mes Aïeux et ce, tout au long de l’année. Vous goûterez un produit au goût délicieux on ne peut plus local, mais aussi chargé de tous mes souvenirs et de toute cette tradition qu’est le temps des sucres au Québec.
Voici des archives et souvenirs…